Boîtier éthanol et reprogrammation : quelles différences ?
La hausse continue des prix du carburant amène de nombreux propriétaires de voitures à considérer l’éthanol comme une autre solution pour se déplacer. En effet, le bioéthanol est présent dans certains carburants à petite dose (SP95-E05 ou SP98-E10) et même à proportion plus importante comme dans l’E85. Plusieurs options s’offrent alors aux personnes qui souhaitent effectuer une modification sur leur véhicule pour que le moteur accepte l’éthanol comme carburant.
Dans un premier temps, nous verrons rapidement les véhicules susceptibles de convenir à cette conversion. Ensuite, nous ferons un état des lieux du moteur à explosion pour mieux comprendre son fonctionnement. Ainsi, nous pourrons évoquer les deux grandes méthodes de conversion possibles. Alors, nous pourrons voir comment fonctionne la reprogrammation bioéthanol ainsi que l’installation d’un kit ou boîtier éthanol. Une fois cela expliqué, nous pourrons conclure sur les différences de ces deux méthodes.
Éthanol ou bioéthanol, quel carburant pour quel moteur ?
L’éthanol est un carburant issu de la transformation de végétaux qui libèrent un alcool lors du processus. Un moteur de voiture essence peut généralement accepter de l’éthanol en petite proportion (5 % dans le SP95-E05 ou 10 % dans le SP98-E10). Attention, les moteurs à carburateur supportent mal l’éthanol.
Pour donner une limite temporelle, les voitures essence d’avant 1990 tolèrent rarement l’apport d’éthanol (même si les premières voitures roulaient déjà à l’éthanol). Ensuite, les moteurs à injection (qui acceptent facilement l’éthanol) sont arrivés sur le marché.
Attention toutefois à bien connaître le moteur d’une voiture avant d’y introduire un carburant à l’éthanol, car certains moteurs ne le supportent pas et peuvent être gravement endommagés :
- les véhicules diesel ne sont pas compatibles avec l’éthanol (bien que des travaux soient menés en ce sens, rien n’a abouti pour le moment) ;
- les moteurs essence, même s’ils sont récents, ne peuvent pas tous recevoir un pourcentage d’éthanol très élevé sans modification.
En revanche, des marques telles que Ford, Jeep ou encore Saab ont produit des gammes de voitures ayant un moteur acceptant l’éthanol type E85 d’origine. Ces moteurs (désignés Flex fuel) peuvent fonctionner avec du carburant SP95-E05, du SP98-E10 ou du E85 sans besoin de modification. La cartographie du calculateur permet de savoir quel carburant ils consomment grâce à un système de reconnaissance du carburant utilisé et donc de s’adapter en fonction.
Moteur à explosion : quel fonctionnement avec quel carburant ?
Une voiture essence, diesel, GPL ou bioéthanol présente le même fonctionnement : celui d’un moteur à explosion. Sans rentrer dans les détails d’une technique pointue, il s’agit de créer un mouvement issu d’une explosion au cœur du moteur (dans les cylindres). Cette explosion est obtenue par un mélange d’air (comburant) et d’essence (carburant) qui explose lorsqu’une étincelle est produite par une bougie (ou par une forte pression dans le cas des moteurs diesel). La puissance ainsi délivrée repousse un piston qui entraîne un ensemble de pièces mécaniques (chaîne cinématique) qui font tourner la boîte de vitesse, puis les roues.
Pour que cette explosion ait lieu, il faut donc introduire du carburant (grâce aux injecteurs) à un moment précis (lorsque la compression est bonne) et dans une quantité optimale calculée selon le régime du moteur, le besoin de puissance exprimé par l’enfoncement de la pédale d’accélérateur, etc. Ainsi, le piston est repoussé par l’explosion, il crée un mouvement et la voiture avance.
Simultanément, le piston qui descend fait remonter un autre piston qui va comprimer l’air d’un autre cylindre avant explosion, etc. Ce cycle peut se produire près de 1 500 à 4 000 fois par minute (les tours/minute des compteurs). La précision et la régularité sont alors confiées à un calculateur qui pilote l’injection. Ce calculateur est paramétré chez le constructeur et possède ses propres réglages (cartographie).
Adapter un moteur à explosion pour recevoir de l’éthanol
Il existe deux grandes méthodes pour convertir un moteur de voiture essence et ainsi recevoir de l’éthanol en grande quantité (85 %). Comme nous l’avons vu précédemment, l’injection est pilotée par un calculateur selon sa cartographie. Ses réglages dépendent :
- du véhicule (masse) ;
- de la puissance du moteur (un même moteur peut être réglé différemment pour délivrer une puissance différente) ;
- des exigences législatives (normes antipollution, puissance DIN pour puissance fiscale, etc.).
Adapter un moteur de voiture pour qu’il consomme de l’éthanol revient donc à jouer sur les réglages énoncés.
La conversion par le kit boîtier homologué
Cette solution revient à « tromper » le calculateur du moteur en s’intercalant entre lui et les injecteurs (ou la pompe à injection). En clair, le boîtier installé pilote l’injection en recevant les informations du calculateur d’origine lui-même, mais en y portant les modifications nécessaires afin que l’apport d’éthanol soit possible. Cela va jouer sur le temps d’ouverture de l’admission de carburant afin d’en augmenter la quantité (car l’éthanol a un rendement énergétique 30 % inférieur à l’essence) et donc compenser de manière « invisible » pour le moteur.
La conversion par reprogrammation
La reprogrammation consiste à modifier directement la cartographie du calculateur d’origine. Contrairement à la conversion par kit ou boîtier, aucun matériel supplémentaire n’est installé. Pour reprogrammer la carte du calculateur, il suffit d’un ordinateur connecté à la voiture pour accéder aux paramètres programmés par le constructeur en usine.
Ensuite, on peut les modifier et les adapter selon les exigences de l’apport d’éthanol dans le moteur : courbes d’allumage, valeurs d’injection, richesse du mélange, etc.
Différences entre l’installation d’un kit ou boîtier et la reprogrammation
Les différences sont nombreuses, bien que les deux méthodes servent la même finalité : l’adaptation d’un moteur essence prédisposé à rouler à l’éthanol. Il n’est pas toujours évident de choisir entre ces deux méthodes lorsque l’on ne connaît pas les avantages qu’elles représentent respectivement.
La conversion par kit ou boîtier
Le boîtier permet de conserver la garantie qui a cours sur le véhicule. En effet, la garantie du kit est assurée par le garage homologué qui l’a posé, alors que la garantie constructeur est toujours valable sur le reste de la voiture. De plus, la voiture peut bénéficier d’une homologation et peut donc être éligible à une nouvelle carte grise par procédure RTI.
Le boîtier possède un système de reconnaissance du carburant qui permet de rouler indifféremment à l’essence ou à l’éthanol E85 comme un moteur Flex fuel. Ainsi le moteur peut s’adapter.
Une conversion avec un boîtier est assez onéreuse : entre 700 € et 1 600 € environ.
La conversion par reprogrammation éthanol
La reprogrammation consiste en une modification de la cartographie de la carte du calculateur. À ce titre, les modifications apportées ne permettent pas de reconnaître le carburant utilisé par le moteur et donc les nouveaux paramètres ne sont pas corrélés au fait que l’on roule au SP95-E05 ou E85. Par conséquent, si le moteur est programmé pour rouler exclusivement au E85, remettre de l’essence dedans pourrait l’endommager.
La reprogrammation consiste en une modification des paramètres du constructeur. À ce titre, elle n’est pas homologuée (ce qui n’est néanmoins pas légalement obligatoire) et la voiture ne peut pas être éligible à une nouvelle carte grise par procédure RTI. Attention également à l’assurance qui peut se défausser de ses obligations si elle peut prouver que le calculateur a été reprogrammé.
Le prix d’une reprogrammation est inférieur à celui d’un kit ou boîtier. Il faut compter entre 400 € et 600 € selon les modèles (hors cas précis).
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