Rouler au bioéthanol, quels sont les inconvénients ?
Pour tout savoir sur le bioéthanol, il est nécessaire de comprendre ce qu’est l’éthanol issu des filières agricoles, et surtout comment ce carburant agit une fois dans le moteur d’un véhicule essence. Dès lors que ces informations sont acquises, on comprend mieux les enjeux de ce biocarburant pour la société. De manière générale, il faut tout de même savoir que le bioéthanol possède des inconvénients, mais comme toute solution apportée aux habitudes humaines (transport, consommation alimentaire, chauffage, etc.) finalement.
Nous allons donc d’abord développer ces inconvénients à leurs différents niveaux pour mieux en juger. Ensuite, nous ferons une corrélation avec les carburants d’origine fossile pour comprendre les différences. De cette façon, nous pourrons voir que rouler au bioéthanol (éthanol biosourcé) n’a certes pas que des avantages, mais que cela répond tout de même à des objectifs d’amélioration environnementale. Enfin, nous tirerons les conclusions qui s’imposent sur les risques de l’utilisation intensive de l’éthanol dans les véhicules, et surtout sur la nécessité de toujours rester vigilant et critique par rapport aux besoins d’une population qui doit se déplacer.
Les risques et inconvénients du bioéthanol
L’éthanol d’origine agricole (bioéthanol) est obtenu par conversion de végétaux sucrés (betterave, canne à sucre, etc.). C’est un alcool qui peut (selon certaines conditions) être inséré comme carburant dans un moteur de voiture. Toutefois, les inconvénients se trouvent à plusieurs niveaux.
L’inconvénient structurel du système agricole
En France, on estime que 3 % des terres cultivées en betteraves et céréales sont destinées à la fabrication d’éthanol. Cela représente 0,8 % des SAU (superficies agricoles utilisées). Bien que cela paraisse peu sur la totalité, il faut également considérer que, en 2019 par exemple, la France a importé 4,6 millions d’hectolitres d’éthanol pour ses besoins. En considérant que la production d’un hectare de betterave donne 50 hectolitres d’éthanol, ce sont donc pas moins de 92 000 hectares de terres agricoles qui ont été réservés quelque part en Europe pour cette seule importation.
On peut donc constater la réquisition de plus en plus importante de terres agricoles dédiées non plus à l’alimentation, mais à la production de carburant de type bioéthanol. Cela s’ajoute également aux utilisations en pesticides et engrais chimiques nécessaires à une filière parfois moins regardante sur ces pratiques, puisque la finalité n’est pas alimentaire.
Les inconvénients liés au moteur
L’injection d’éthanol dans un moteur thermique n’est pas sans risque si cela n’est pas fait dans les règles.
- Un moteur diesel ne supportera pas un apport d’éthanol sauf dans de rares cas. Il possède des caractéristiques (compression, pression d’injection, etc.) qui lui sont propres et ne permettent pas l’explosion de l’éthanol sans risque de casse. Pour ces raisons, l’installation d’un kit avec boîtier ou d’une programmation sur un moteur diesel ne lui permet pas de rouler à l’éthanol. Des pistes existent, mais elles sont peu exploitées actuellement (Diester).
- Des ratées d’allumage peuvent se produire à cause d’une étincelle insuffisante pour l’inflammation de l’éthanol par rapport à l’essence sans plomb. Par ailleurs, en dessous de 13 °C, le démarrage à l’éthanol demandera un apport en essence sans plomb plus important le temps que le moteur monte en température.
- La pose d’un boîtier éthanol peut parfois causer des messages d’erreurs, car il peut perturber la carte du calculateur d’injection ou la pompe déjà en place.
- Le fonctionnement à forte charge (remorquage, conduite sportive, etc.) peut parfois nécessiter de repasser à l’essence, car la richesse sera trop pauvre et le risque d’une casse moteur apparaîtra.
- La présence d’eau dans le réservoir d’un véhicule roulant à l’essence sans plomb peut soulever des impuretés lors des premiers pleins d’éthanol et ainsi potentiellement abîmer les injecteurs.
- La consommation augmente substantiellement avec l’éthanol (d’environ 30 %), car le rendement énergétique de l’éthanol est plus faible que celui de l’essence sans plomb.
Comme nous venons de le voir, un moteur peut rouler à l’éthanol. Mais pas n’importe quel moteur, ni dans n’importe quelle proportion d’éthanol (l’E85 distribué dans les stations est composé à 85 % de bioéthanol), et surtout pas sans un avis d’expert ou d’un garage compétent (constructeur ou professionnels de l’installation de kit avec boîtier ou de reprogrammation).
Les inconvénients administratifs d’un véhicule éthanol
Excepté pour les moteurs de type FlexFuel, équipés et homologués par un constructeur, un moteur à essence sans plomb adapté pour rouler à l’éthanol doit être homologué suite à sa transformation. Que ce soit par un professionnel qui propose un kit avec boîtier ou un garage capable de reprogrammer le calculateur d’injection, les conséquences ne sont pas les mêmes :
- l’installation d’un boîtier permet d’obtenir un certificat RTI permettant de modifier la carte grise ;
- la reprogrammation d’injection est plus simple et performante, mais ne permet pas l’obtention d’un RTI. Il n’y a donc pas de changement de carte grise.
Que ce soit l’une ou l’autre des solutions, la garantie constructeur ne court plus à partir du moment où une modification a été apportée au véhicule. Par ailleurs, certaines assurances se dédouanent en cas d’accident si le véhicule a été modifié sans être homologué. Il faut donc penser à cela lorsque l’on souhaite adapter un moteur à essence pour pouvoir rouler au bioéthanol.
Carburant végétal ou fossile, les inconvénients se comparent
Il est important de comprendre que les carburants ont tous leurs propriétés intrinsèques. Un carburant d’origine végétale (bioéthanol, diester, etc.) peut ainsi convenir à un moteur thermique traditionnel sous certaines conditions, comme nous l’avons vu.
Mais, un carburant fossile (gaz, essence, diesel, etc.) a également des inconvénients qu’il faut identifier pour mieux comparer :
- le prix, qui ne cesse de croître par la rareté irrémédiable des carburants traditionnels et par les nombreuses taxes qui y sont corrélées ;
- les émissions de CO2, car contrairement aux biocarburants, les émissions des carburants fossiles sont des émissions additionnelles (le biocarburant ne rejette que le CO2 qui était déjà emprisonné par le végétal lors de sa croissance) ;
- l’exploitation et la recherche de nouvelles ressources, qui impactent significativement l’environnement (puits sous marins ou exploitations terrestres souvent sources de conflits) ;
- etc.
Le bilan du bioéthanol
Dresser un bilan du bioéthanol est donc peu aisé. En effet, les inconvénients existent et il faut savoir les intégrer. En France, en 2021, ce sont environ 13 748 000 tonnes de blé qui ont été cultivées pour du bioéthanol. C’est donc un enjeu important pour la société et pour le mode de vie de chacun. De la culture à la consommation par le moteur, différentes étapes ont lieu : la récolte, les transformations, le transport, la distribution, etc. Ce sont autant d’impacts qu’il faut pouvoir intégrer pour mieux produire ce bioéthanol.
Mais, se contenter d’observer les inconvénients ne nous fera pas évoluer vers une solution vertueuse. Aussi, l’important n’est pas de redouter lesdits inconvénients, mais de les considérer pour mieux les réduire et crédibiliser ce carburant. Car il faut garder à l’esprit que ce dernier est l’une des réponses les plus prometteuses aux conséquences des transports, notamment en ce qui concerne :
- le réchauffement climatique ;
- le rejet des particules fines dans l’atmosphère ;
- la raréfaction du pétrole pour l’industrie (plastiques, caoutchoucs, etc.) ;
- etc.
Le kilomètre le plus écologique restant celui que l’on n’effectue pas, il faut réaliser que toute société humaine a inévitablement un impact sur son environnement. Ayant pris conscience que les énergies fossiles ne sont pas éternelles, l’humanité doit désormais faire face aux enjeux énergétiques pour assurer les transports, les industries, l’économie, etc. C’est donc à l’aide de carburants végétaux tels que le bioéthanol que la réponse apportée pourra être pertinente et respectueuse de l’environnement.
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