La reprogrammation bioéthanol des voitures
Dans un contexte de flambée des prix du carburant et de regain d’engouement pour la cause écologique, l’heure est à la recherche d’alternatives fiables aux énergies fossiles non renouvelables. Parmi les solutions de plus en plus promues figurent en bonne place les biocarburants, dont le bioéthanol, un carburant à l’alcool qui peut tout à fait remplacer l’essence et le diesel dans les réservoirs.
Toutefois, tous les véhicules ne sont pas conçus pour fonctionner au biocarburant, mais pour certains, ils peuvent passer par l’étape de la reprogrammation éthanol. Adoptée par de nombreux propriétaires d’automobiles, cette solution continue aujourd’hui de faire ses preuves. Découvrez tout ce qu’il faut savoir sur la reprogrammation éthanol des véhicules, son fonctionnement et les raisons qui justifient l’essor de cette pratique.
Bioéthanol : fabrication, principaux avantages et inconvénients
Biocarburant le plus utilisé au monde, le bioéthanol est un éthanol d’origine végétale qui s’utilise comme carburant pour certains moteurs à essence. Voyons plus en détail le processus de fabrication de ce carburant alternatif, mais aussi ses principaux avantages et inconvénients.
Le processus de fabrication du bioéthanol
Le bioéthanol est obtenu à partir de la biomasse, c’est-à-dire de l’usage de matières premières naturelles comme source d’énergie. Concrètement, il est le produit de la fermentation du sucre contenu dans certains végétaux à forte teneur en saccharose, comme la betterave et la canne à sucre. Il est également obtenu grâce à un procédé d’hydrolyse enzymatique ou par la destruction par l’eau de l’amidon contenu dans certaines céréales, telles que le blé, le maïs, etc.
À l’issue de cette transformation, on obtient alors le même éthanol que celui que l’on retrouve dans les boissons alcoolisées. Cependant, ce résidu est le plus souvent mélangé avec de l’essence. On retrouve donc dans le bioéthanol des proportions d’éthanol pouvant varier de 5 % à 85 % et des proportions d’essence comprises entre 15 % et 35 %.
Notons qu’en fonction de la teneur en alcool, on distingue le bioéthanol E5, E7, E10, E15, E20, E70, E85, E95, voire le bioéthanol E100.
Les avantages du bioéthanol
Très présent dans les carburants distribués en France et en Europe, le bioéthanol connaît un engouement justifié par ses nombreux avantages.
Un carburant écoresponsable
Le bioéthanol est l’unique carburant liquide pour moteur à essence qui soit renouvelable. À ce titre, il constitue une solution écologique et respectueuse de l’environnement à bien des égards. En effet, le bioéthanol est, comme susmentionné, le produit d’une transformation pure et simple de végétaux. Sa production ne nécessite donc ni forage ni extraction de ressources fossiles non renouvelables, comme c’est le cas avec l’essence traditionnelle.
Par ailleurs, le bioéthanol a un bilan carbone neutre, car le taux de CO2 dégagé par le moteur d’un véhicule fonctionnant au bioéthanol correspond au même taux de CO2 absorbé, à travers la photosynthèse, par les plantes qui ont servi à la fabrication du biocarburant. Enfin, le taux de gaz à effet de serre que le bioéthanol permet de réduire est estimé à près de 50 %.
Une solution économique
Avec un coût plus faible environ de 50 % comparé aux carburants classiques, le bioéthanol est beaucoup moins cher à la pompe que ces derniers. Il s’agit de ce fait d’une solution économique et d’une véritable bouée de sauvetage pour certains profils d’automobilistes. En l’occurrence, le bioéthanol est adapté et recommandé pour les véhicules anciens, de collection ou tout autre modèle de voitures particulièrement gourmandes en carburant.
En outre, il est présenté comme une filière d’excellence pour l’économie de la France, qui en est d’ailleurs le premier producteur européen.
Une option bénéfique pour les véhicules
Il est aussi prouvé que le bioéthanol optimise les performances des moteurs qui utilisent ce type de carburant naturel. De fait, il contient un indice d’octane, c’est-à-dire une résistance à l’auto-allumage, bien supérieur à celui de l’essence traditionnelle.
Une solution d’indépendance
Pour les propriétaires de véhicules comme pour l’État, l’usage du bioéthanol est la solution idéale pour rompre avec la dépendance énergétique des pays pétroliers. C’est également un moyen fiable de limiter l’exploitation des ressources fossiles non renouvelables desquelles beaucoup de pays dépendent encore.
Les inconvénients du bioéthanol
Malgré tous les bienfaits qu’on lui connaît, le bioéthanol présente quelques inconvénients qu’il n’est pas superflu d’évoquer. Il s’agit notamment :
- de l’incompatibilité avec certains véhicules ;
- de la faible résistance aux conditions météorologiques, en l’occurrence au froid ;
- des effets secondaires, notamment l’effet détergent sur le réservoir des anciens véhicules ;
- de la non-disponibilité dans certaines stations-service ;
- etc.
Reprogrammation éthanol : fonctionnement, avantages et inconvénients
Tous les véhicules ne fonctionnent pas au bioéthanol, car certains moteurs sont conçus pour être uniquement alimentés en essence classique ou en diesel. Néanmoins, il est possible de reconvertir, sous certaines conditions, son véhicule à l’éthanol, à travers la reprogrammation bioéthanol. Découvrez tout sur cette procédure.
Définition et fonctionnement de la reprogrammation bioéthanol
Alternative fiable à l’installation d’un boîtier homologué flexfuel ou conversion flexfuel, la reprogrammation éthanol est une opération qui consiste en l’extraction de données du calculateur d’un véhicule, puis en la modification de ses paramètres de fonctionnement par injection de nouvelles données. Plus précisément, la reprogrammation éthanol consiste à rendre un véhicule apte à rouler à l’essence, à l’éthanol ou au mélange des deux.
Pour ce faire, les professionnels modifient le timing d’injection en fonction de la température du carburant et de la température de l’air. Ce faisant, ils adaptent le moteur aux spécificités du bioéthanol. Au terme de l’opération, la voiture convertie au bioéthanol peut fonctionner aussi bien au carburant SP95/98 qu’au carburant E85.
De plus, si les injecteurs et la pompe à essence du véhicule le permettent, la reprogrammation, en plus de la conversion au flexfuel, peut également consister en une augmentation de la puissance du moteur. On parle alors de reprogrammation moteur.
Les avantages de la reprogrammation bioéthanol
La reprogrammation éthanol est une opération bénéfique sur plusieurs plans.
Une reconversion au biocarburant
Faire procéder à une reprogrammation éthanol pour son véhicule, c’est opter pour une énergie renouvelable et écologique. En effet, comme présenté précédemment, le bioéthanol est une excellente alternative aux carburants classiques, notamment parce qu’il n’est pas polluant et limite considérablement les émissions de gaz à effet de serre.
Une option économique
À l’opposé du kit et du boîtier éthanol qui coûtent relativement cher, la reprogrammation est une option moins onéreuse. Précisément, elle coûte deux fois moins cher que l’achat et l’installation dudit boîtier.
Par ailleurs, cette solution favorise grandement l’allègement du budget carburant, car elle affranchit les automobilistes de l’utilisation de l’essence traditionnelle, dont le prix ne fait que grimper ces dernières années. Mieux encore, la reprogrammation éthanol permet de consommer moins d’éthanol que ne le permet l’installation d’un boîtier.
Un moteur plus performant
La reprogrammation éthanol permet d’augmenter les performances du véhicule, car elle améliore la combustion et la résistance à l’auto-allumage. La voiture gagne donc en puissance.
Un gain de polyvalence
Avec la reprogrammation éthanol, on multiplie ses options en matière d’alimentation de son véhicule en carburant. Ainsi, l’opération permet de rouler aussi bien à l’éthanol qu’au sans-plomb 95 ou 98, ainsi qu’avec un mélange des deux types de carburant. On est ainsi assuré, dans tous les cas, de ne jamais manquer de quoi remplir son réservoir.
Une solution fiable
Comparée à la conversion par boîtier ou kit, la reprogrammation éthanol est une solution plus fiable. De fait, elle ne nécessite pas l’usage de matériels cassables ou inefficaces, ou encore de fabrication douteuse, qui pourraient agir sur l’intégrité du véhicule. De même, elle ne présente aucun risque majeur pour le véhicule ou le conducteur.
Une réalisation sur mesure
En matière de reprogrammation éthanol, les automobilistes peuvent faire modifier leur véhicule selon leur bon vouloir, et dans la limite du possible, pour en optimiser les performances. En outre, s’ils désirent retrouver leur engin dans son état initial, le processus est réversible. En effet, tout spécialiste de la reprogrammation éthanol doit pouvoir aisément remettre le véhicule reprogrammé dans son état originel.
Les inconvénients de la reprogrammation bioéthanol
Si elle a des avantages indéniables, la reprogrammation bioéthanol a également quelques limites.
Une opération soumise à questionnement
Contrairement à l’installation d’un boîtier homologué qui est parfaitement légal, la reprogrammation éthanol est une procédure encore mal perçue par le législateur. En effet, même si aucune loi ne stipule son interdiction, la reprogrammation s’inscrit en porte-à-faux avec certaines exigences du Code de la route. Elle est notamment pointée du doigt par l’article R321-16 du Code, qui précise que « tout véhicule […] ayant subi des transformations notables est obligatoirement soumis à une nouvelle réception ».
L’article R322-8, à son tour, précise que cette exigence s’adresse à tout véhicule ayant connu « toute transformation susceptible de modifier les caractéristiques indiquées sur le certificat d’immatriculation ». Or, en cas de reprogrammation éthanol, il est impossible de faire une réception à titre isolé (RTI) et donc de changer sa carte grise pour indiquer la nouvelle puissance de son véhicule. On se retrouve dès lors dans une situation problématique. Toutefois, un projet de texte de loi est à l’étude pour résoudre cette question.
Une opération non reconnue par les assureurs
En empêchant le changement de carte grise, la reprogrammation éthanol peut également mettre les automobilistes en situation délicate avec leurs assureurs. De fait, selon le Code des assurances, toute augmentation de puissance ou toute modification non mentionnée sur la carte grise est une infraction. Ainsi, l’assureur d’un automobiliste dont le véhicule a été reprogrammé peut lui refuser l’indemnisation en cas d’accident responsable.
Les véhicules compatibles avec la reprogrammation bioéthanol ?
La conversion au bioéthanol par reprogrammation est une opération a priori ouverte à tout propriétaire de véhicule doté d’un moteur essence, engagé pour la cause écologique ou désireux d’adopter ce biocarburant aux nombreux avantages. Toutefois, il est primordial de s’assurer que son engin figure parmi les voitures compatibles avec la reprogrammation bioéthanol avant de l’envisager. En l’occurrence, il faut vérifier si le moteur de sa voiture peut supporter une telle opération.
De manière générale, les véhicules à moteur turbo fonctionnant à l’essence peuvent faire l’objet d’une reprogrammation éthanol. Néanmoins, certains modèles et certaines marques de voitures sont particulièrement concernés.
Les voitures de la marque Citroën et Peugeot
Les moteurs compatibles avec une reprogrammation éthanol sont entre autres :
- le Citroën/Peugeot 1.2 Puretech 82 ;
- le Citroën/Peugeot 1.2 Puretech 110 ;
- le Citroën/Peugeot 1.2 Puretech 130 ;
- etc.
Les voitures des marques Renault, Dacia et Nissan
Parmi les marques Renault, Dacia et Nissan, on retrouve les moteurs :
- 0.9 TCE 90 ;
- 1.2 TCE 90/115/120/130 ;
- 1.3 TCE 130/140/150 ;
- etc.
Les voitures des marques Volkswagen, Skoda, Seat et Audi
Les moteurs Volkswagen, Skoda, Seat et Audi compatibles sont :
- 1.0 TSI 95/115 ;
- 1.2 TSI 105 ;
- 1.4 TSI 122/140 ;
- 1.5 TSI 150 ;
- etc.
Autres marques et modèles
En plus de ces marques et moteurs spécifiques précités, les voitures d’autres marques d’automobiles peuvent être converties au bioéthanol par reprogrammation. Il s’agit entre autres des voitures de la marque :
- Alfa Romeo ;
- Mercedes ;
- Jeep ;
- OPEL ;
- FIAT ;
- Hyundai ;
- etc.
Les automobiles des marques Land Rover, KIA, Maserati, Pontiac, Toyota, Subaru, Suzuki et BMW y sont également éligibles. En clair, la plupart des modèles de voitures mis sur le marché par la grande majorité des constructeurs automobiles peuvent être reprogrammés pour fonctionner au bioéthanol.
À noter cependant que les voitures équipées d’un moteur diesel ne doivent pas être alimentées en bioéthanol. Elles n’ont donc nullement besoin d’être reprogrammées.
Peut-on rouler au bioéthanol sans reprogrammation ou boîtier ?
Il est tout à fait possible d’alimenter son véhicule en bioéthanol et de rouler sans devoir passer par une reprogrammation ou un boîtier. En effet, les modèles de véhicules fabriqués depuis le début des années 2000 sont à environ 97 % composés de moteurs à essence compatibles avec l’éthanol. On dit que ce sont des véhicules à carburant modulable (VCM). De plus, tous les carburants vendus en station-service de nos jours contiennent des traces d’éthanol.
Toutefois, opter pour du superéthanol, c’est-à-dire de l’E85, sans une modification préalable, n’est pas conseillé et pourrait causer des dégâts dans la mécanique du véhicule. Ainsi, par mesure de prudence, il faut tout au moins augmenter le pourcentage d’éthanol par palier de 5 % chaque fois que l’on fait le plein du réservoir. Cependant, pour ne pas exposer les pièces de son auto et s’assurer de pouvoir rouler à l’E85 sans mettre à mal l’intégrité de cette dernière, la meilleure solution reste d’opter pour un boîtier ou de faire procéder à une reprogrammation éthanol.
De ces deux options, celle de la reprogrammation est la plus conseillée, eu égard à ses avantages.